Bipolaire en question...

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Bonne lecture...

Je ne le crois pas, pas seul en tout cas, avec un autre être qui nous donne à penser peut être, mais seul je ne crois pas, la pensée se dirige toute seule, elle est un flot que nous observons à défaut de le diriger, ce n'est pas "Je pense" mais "Il est pensé par moi", il m'est arrivé d'entendre des voix, je peux vous dire que dans ces cas là nous sommes bien observateur impuissant. J'ai essayé des techniques d'hypnose, on m'incitait à penser à diverses choses, la plupart du temps à un paysage par exemple, pour me relaxer, j'ai même eu un hypno thérapeute qui me parlait de Dieu, mais je ne peux pas dire que ces techniques ont soigné chez moi quoi que ce soit. On ne dirige pas plus la pensée que l'on ne dirige ses rêves. Voila ce que je crois.

Si la pensée se dirige toute seule, où va t-elle? C'est un grand mystère mais Krishna dit qu'elle peut aller à Krishna, lors de mon dernier épisode maniaque j'avais l'impression que ma pensée et même les événements que je croisais étaient dirigés par Krishna, certains diront que j'étais fou, je leur laisse ces idées... Krishna dit que diriger sa pensée vers lui, Krishna, est d'ailleurs la seule façon de trouver l'équilibre. Vous allez me dire que je me contredis puisque je dis que Krishna dit de diriger sa pensée donc: de diriger sa pensée vers lui. Je crois que si Krishna existe que c'est lui qui décide de qui dirige sa pensée vers lui ou non, qu'il est le maitre du spirituel, de tout ce qui touche l'esprit.

Comme je l'ai dit je crois dans une note précedente, Kierkegaard disait qu'il y avait trois étapes sur le chemin de la vie de l'homme, l'étape esthétique, l'étape éthique et l'étape religieuse, trois phases dans le dévellopement de l'homme. Je suis plutot d'accord avec cela, je crois avoir aussi connu ces trois étapes de dévellopemment. Mais j'ai l'impression d'etre au delà de la phase religieuse et qu'après cette phase il n'y a plus rien.

L'utopie est une tres bonne chose car elle donne une raison de vivre, un espoir, la perte de l'illusion tant cherchée par les bouddhistes conduit surtout au vide et au desespoir face à ce vide effectivement. Il faut baigner dans l'illusion le plus possible et jouir du bain. Ensuite il faut savoir aussi passer à autre chose, une dimension plus spirituelle si possible.

En fait la vie est bien souvent une tragédie mais on essaie de nous faire croire le contraire, une sorte de pensée positiviste ambiante qui domine le débat de la pensée traditionnelle. On peut croire que je dis cela justement parce que je suis déprimé et que je ne vois pas la réalité, que je suis dans une psychose, mais moi je crois que je vois la réalité et rien de plus désormais, j'ai enfin trouvé la réalité et elle est bien sombre.

Il n'y a vraiment pas à souhaiter faire partie du club des désespérés, crois moi.

Et que peut faire l'autre, face à ça?
L'autre, celui qui est confronté tous les jours au quotidien, qui voit cette souffrance et le renoncement à l'espoir d'un mieux?
L'autre, celui qui a la sensation de ne pas pouvoir comprendre parce qu'il ne fait pas partie du "club des désespérés"?
L'autre, celui qui se sent impuissant et qui en arriverait presque à culpabiliser de l'avoir, ce fameux élan vital... celui qui le partagerait volontiers mais se heurte sans arrêt à un refus incompréhensible?

Le mélancolique est un suicidaire qui tient mais qui a completement perdu en principe l'élan vital, cette chose qui semble infime mais qui est infiniment importante, c'est ce qui vous fait lever le matin, ce souffle de vie qui vous fait finalement aborder une journée, ce souffle grand ou petit est tout, c'est ce qui rend la vie supportable et parfois belle, ce souffle, cet élan vital qui fait aller vers l'avant a completempent disparu chez le mélancolique, il est malheureux voir désespéré de se réveiller le matin et d'avoir encore à lutter une journée, une nouvelle journée, un nouveau combat. Cet élan vital semble souffler naturellement sur les êtres mais sur moi plus de souffle. Le mélancolique ne vit plus, il survit, rien ne lui apporte du plaisir, tout est triste ou presque, il voit la tristesse partout, nage dans le regret et la mélancolie, parfois la culpabilité. Il peut vivre des cauchemars éveillés. Une psychose dépressive, des processus conscients et inconscients qui mènent tous à des impasses. Voila ce qui remplace l'élan vital.

Il faut sans doute perdre ses illusions pour faire face à la réalité. Mais la réalité est sombre, il faut de la force pour y faire face.

La perte des illusions est une chose dangereuse.

Rentrer dans la réalité c'est rentrer dans le savoir, mais le prix à payer est la perte de toute vie, de tout élan de vie que procure l'illusion.

J'ai peut etre toujours eu une organisation psychotique, c'est difficile je ne sais pas comment sont les autres, comment pensent les autres.

Je ne sais pas si j'ai envie de parler de cela, je crois que j'ai peu de souvenirs, et des souvenirs qui ont longtemps été incertains, je ne me souviens pas par exemple de tendresse entre elle et moi. Elle dirait je pense que je la refusais, ce qui est peut etre vrai mais encore faudrait-il comprendre pourquoi...